dimanche 31 juillet 2016

Politique

La politique est un sport fascinant à regarder. La campagne présidentielle américaine est l'occasion d'admirer les athlètes politiques, leur ambition dévorante, la discipline avec laquelle ils domptent leur spontanéité, au risque de perdre leur âme, à supposer que cette expression ait un sens.

Comme un sport de haut niveau, une campagne politique requiert une discipline de fer... La différence c'est que le politicien le plus expérimenté, acharné et discipliné est potentiellement vulnérable face à un amateur qui donne l'impression de dire tout ce qui lui passe par la tête.

Ici et là des détails fascinants.

Hillary Clinton renonce à être l'invitée d'honneur de la plus puissante association LGBT aux US : ce soir-là elle doit absolument aller à l'émission "Saturday Night Live" redorer sa très mauvaise image en montrant qu'elle est capable de rire d'elle-même avec bonne grâce. (Chose que Trump avait très bien faite dans le temps d'ailleurs.)

John McCain, vétéran républicain, candidat à la présidence en 2000 et 2008, s'était distingué (surtout en 2000) par des prises de position centristes, modérées, susceptibles de plaire au-delà de son parti. En 2000 la campagne Bush Jr. l'avait attaqué avec une grande violence, et il avait été la cible d'une campagne anonyme de ragots ignobles : sa femme se droguait, il avait eu sa fille hors mariage avec une femme noire (en fait elle est adoptée). Il faut dire qu'il avait provoqué Bush fils en le comparant à Bill Clinton. Après son second échec de 2008, confronté aux changements de son parti, McCain s'était scrupuleusement appliqué à devenir un vrai conservateur. Cette année, Trump l'a odieusement insulté. Pourtant il a avalé la pilule et soutient officiellement Trump. C'est qu'à 80 ans passés, il s'acharne encore à être réélu sénateur en Arizona. Il est mal barré, son parti est divisé : qu'il soutienne Trump ou non, il perdra des électeurs. Il considère qu'il perd moins de voix en soutenant Trump.

Ted Cruz est un petit roquet ultra-conservateur, et en réalité un opportuniste. Mais contrairement à d'autres plus modérés il a refusé de soutenir Trump à la Convention républicaine, et a fini son discours sous les huées. Courageuse prise de position ? Plus vraisemblablement, il pense déjà à la suite, après la défaite des républicains en novembre, à la gueule de bois et au règlement de comptes qui s'ensuivront. Il a fait un pari risqué mais pas bête. Si Trump perd, s'il n'est pas trop oublié d'ici là, il a une chance de passer pour un prophète et un homme courageux.