mardi 2 juillet 2013

La triste histoire du nounours Mohammed

Cette histoire advenue en 2007 au Soudan n'est pas la pire. Mais elle est représentative, et fascinante. On y trouve la malveillance opportuniste, la démagogie la plus crasse, enfin la violence aveugle d'une populace illettrée, ouverte aux mots d'ordre les plus imbéciles.

Cette prof anglaise d'un lycée privé de Khartoum avait fait choisir le nom du nounours par ses élèves. Pendant deux mois l'ours Mohammed s'est promené de maison en maison sans qu'aucun parent y trouve rien à redire.

Puis une secrétaire qui en voulait à l'école a dénoncé la prof : celle-ci avait donné le nom du Prophète à un animal !!! Quelqu'un de bien intentionné a fait parvenir l'histoire au ministère concerné, ça s'est ébruité, et voilà notre bonne femme arrêtée, sans même comprendre pourquoi (elle ne parlait pas arabe). Au début elle était accusée d'"insulte à la religion, incitation à la haine, harcèlement sexuel, racisme, prostitution et mépris affiché envers les sentiments religieux". Finalement elle a été condamnée à 15 jours de prison et à l'expulsion.

Elle a passé 8 jours en prison, terrorisée. Pendant ce temps, dans la  rue, une dizaine de milliers de personnes manifestaient pour qu'elle soit exécutée. Il a fallu que deux parlementaires britanniques musulmans aillent quémander sa grâce auprès d'Omar el-Béchir.

Après l'incident, l'école a été fermée plus de deux mois, par peur de représailles.

Patrimoine, la vision saoudienne

Arabie saoudite, terre de contrastes !

Ce gouvernement qu'on décrit comme si traditionaliste, si conservateur, a soigneusement détruit une bonne partie du patrimoine historique du pays.

Ainsi, en 1925, les wahhabites ont rasé les illustres mausolées de deux anciens cimetières où étaient enterrés des proches du Prophète :  celui de La Mecque et celui de Médine.

Cette destruction n'a pas été du goût des chi'ites :
De nombreux chiites commémorent le jour de la destruction des mausolées d’al-Baqî` et l’appellent « jour du chagrin ». Pendant une période de 1925 à 1986, l’entrée dans le cimetière a été complètement interdite par un mur de plusieurs mètres de haut entourant tout le site. En 1982, l’'ayatollah Khomeini prend le cimetière d’Al Baqî` comme théâtre de plusieurs manifestations, les pèlerins Iraniens avaient pris l’habitude de réciter des prières devant le mur interdisant l’accès au cimetière. En 1986, le roi Fahd fait une concession en autorisant de nouveau les chiites à visiter le cimetière.
En 2002, bien plus près de nous donc, le gouvernement a fait détruire un fortin ottoman du XVIIIè siècle situé à La Mecque, non loin de la grande mosquée, pour construire une tour de 600 mètres, destinée à accueillir des pèlerins. Pour le coup ce sont les Turcs qui ont très vivement protesté.
Accessoirement cette haute tour a été construite par le Groupe Saoudi Ben Laden, appartenant à la famille du célèbre démolisseur de tours.

Cimetière Jannatul Mualla de La Mecque, avant / après :


Le fortin ottoman et les tours qui le remplacent :